Landes & Chaos
Le site naturel des landes de Locarn se trouve à la limite du massif granitique de Quintin, au Sud-Ouest du département des Côtes-d’Armor.
Un peu d'histoire
Les premiers inventaires et descriptions citant les landes de Locarn datent des années 1970. Mais c’est en 1983 que l’intérêt botanique a été reconnu par Forgeard et ses collaborateurs dans « L’inventaire des landes de France » qui classe le site d’intérêt national. Par la suite, plusieurs botanistes – Touffet (1985), Clément (1987), Philippon (1987) – ont confirmé son caractère exceptionnel.
La surface et la diversité des milieux constituent ici un ensemble remarquable apprécié des oiseaux. Les ornithologues n’ont pas tardé à signaler cet intérêt et leurs visites régulières ont permis de suivre l’évolution des populations de Busards, Vanneaux et autres Courlis. Parmi ces passionnés, G. Joncour, G. Berthou, P. Le Goff et A. Goutal tiennent une place à part puisque l’association qu’ils ont créée (Association pour la Protection des Landes de Locarn : APLL) a fortement contribué à la protection du site.
En 1988, suite à la pratique de la moto sur les landes, le Busard cendré et le Busard Saint-Martin ont abandonné le site. En réponse, la mairie a signé un arrêté interdisant les engins à moteurs. Il a été suivi par un arrêté préfectoral pour la protection du Biotope afin de protéger les Busards nicheurs.
En 1994, une convention a été signée entre un des propriétaires, le Département, la commune et l’association Cicindèle pour la gestion et l’animation du site des Landes de Locarn.
Depuis, différentes actions (fauche, pâturage…) sont mises en place pour la conservation de ce site qui fait partie des Espaces Naturels Sensibles des Côtes-d’Armor.
Des milieux variés
Le site d’étude des landes de Locarn représente 250ha. Dans cette zone, nous trouvons plusieurs milieux. Le site est majoritairement couvert de lande. Selon la topographie, la réserve d’eau et la profondeur de sol, on distingue plusieurs types de landes aux compositions floristiques différentes :
- les landes sèches à Bruyères cendrées et Agrostide à feuille de soies,
- les landes un peu humides à Bruyères ciliées et Ajoncs (d’Europe et/ou Le Gall),
- les landes humides à Bruyères à quatre angles
Elles représentent au total environ 155 ha du site.
Dans les vallons où la présence de l’eau est plus ou moins permanente, on observe les tourbières et les milieux associés : bas marais, prairies humides, landes tourbeuses. La répartition de ces milieux se fait ici encore selon le gradient d’humidité et également selon la gestion (ou son absence) pratiquée.
L’évolution de la végétation des milieux ouverts en absence de gestion conduit à plus ou moins long terme à un boisement de feuillus. Sur le site, des parcelles abandonnées depuis plus de 50 ans montrent déjà cette tendance. Il faut cependant distinguer les chênaies mâtures dont la surface évolue peu des boisements pionniers de saules et bouleaux qui colonisent les zones ouvertes. Ces derniers couvrent actuellement une surface d’environ 20 ha et sont en constante augmentation.
La flore
Les actions de gestion effectuées sur le site sont justifiées et évaluées régulièrement au travers d’inventaires et de cartographie.
La flore est donc particulièrement bien connue et comporte un grand intérêt par la présence d’espèces rares et/ou protégées à forte valeur patrimoniale. C’est principalement dans les zones humides que poussent ces espèces souvent de petite taille aux mœurs plus qu’étranges.
On trouve le Rossolis à feuille ronde, le Rossolis à feuille intermédiaire, la Grassette du Portugal et la petite Utriculaire qui sont toutes des plantes carnivores. Dans la lande, les espèces qui dominent sont les bruyères, les ajoncs et la molinie qui sont des plantes qui caractérisent ce milieu.
Le paradis des oiseaux
Les landes, par leur isolement limitant les allées et venues de l’homme, fournissent un havre de paix à plusieurs espèces telles que le Cerf ou la Loutre. La diversité des oiseaux présents est un des attraits majeurs du site.
Outre les busards, on peut observer de nombreux passereaux caractéristiques de la physionomie des landes : Fauvette pitchou, Pipit farlouse, Locustelle tachetée, Tarier pâtre, Bruant des roseaux, Linotte mélodieuse, Fauvette grisette…
Les landes de Locarn sont, à l’échelle de la Bretagne, un des sites les plus denses en Engoulevent d’Europe. Le site constitue aussi un hivernage privilégié pour plusieurs oiseaux : Hibou des marais, Busard Saint-Martin, Bécassine des marais…
La gestion
La végétation des landes n’est pas une structure figée, elle évolue naturellement en se boisant progressivement. Le processus, lent et inexorable, était autrefois interrompu par les fauches régulières des paysans qui en extrayaient la litière pour leurs animaux.
L’abandon de ces pratiques entraîne une progression des arbres et arbustes. La conservation de la lande passe donc par une gestion active qui consiste en une reprise des actions de fauche et de pâturage.
Arpenter les landes de Locarn
Le sentier découverte des Landes de Locarn fait 6 km, il permet de découvrir la partie nord du site et d’admirer une grande diversité de paysages.
Surplombant le bassin de Châteaulin, vous passerez au travers de landes, de chaos et de forêts et bénéficierez de points de vue remarquables. Attention au passage du chaos qui peut être difficile.
La découverte des landes en dehors du sentier de découverte est possible lors de visites guidées. Cela peut être lors de sorties grand public prévues pendant l’été ou à la demande pour un groupe constitué.
Les Gorges du Corong, un chaos majestueux
Au nord des Landes de Locarn se trouve le chaos du Corong, imposant empilement de blocs rocheux. La présence d’une faille dans le granite (nous sommes à l’extrémité ouest du massif de Quintin) a permis le passage du ruisseau du Follezou, accélérant l’érosion, entraînant l’individualisation des blocs de roche et donnant une impression d’amoncellement. Le Follezou continue encore son lent travail d’érosion.
A proximité se trouvent aussi les chaos de Toul Goulic (Trémargat – Lanrivain), de Saint-Roch (Plounévez-Quintin) et du Petit Doré (Plouguernével).